Le 6 janvier 2021, les 109 membres du Collège électoral du Barreau du Gabon se sont réunis en Assemblée Générale pour élire le nouveau bureau de l’Ordre des Avocats du Gabon ainsi que son Bâtonnier.
Le Bâtonnier sortant, Maitre Lubin NTOUTOUME, a été réélu par 61 voix (2 de plus qu’en 2018) contre 48 en faveur de son adversaire et confrère, Maitre Gilbert ERANGAH.
Maitre Lubin NTOUTOUME, est âgé de 55 ans.
Il a débuté sa profession au sein du Cabinet Courbou et Isnard de Libreville.
Avocat depuis 1992, Maitre Lubin NTOUTOULE est le 11ème Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Gabon, après Jean Vanoni, Henri Julien, Pierre-Louis Agondjo Okawé (premier Gabonais à diriger le Barreau), Séraphin Ndaot, François Ondo Nzé, Norbert Issialh, David Foumane Mengué, Justin Taty et Marlyse Issembé (devenue intérimaire suite à la crise née de l’invalidation de la deuxième élection de Me Taty) et Jean-Pierre Akumbu (source Gabon Review par Gérald Mounomby / 5 avril, 2018).
Ce pinacle auquel ses pairs viennent de le porter confirme ses éminentes qualités.
En effet, il a ouvert la profession à de nombreux compatriotes empêchés depuis plus de sept années.
D’abord, en obtenant la suspension de la condition du CAPA pour exercer la profession d’avocat au Gabon.
Ensuite, en remportant les deux contentieux introduits à son encontre devant le Conseil d’Etat visant à empêcher la prestation de serment de 32 postulants devant entrer en stage annuel et triennal.
Enfin, en devenant le Bâtonnier qui a fait prêter le serment d’avocats à ces 32 postulants le 29 décembres 2020 devant la
formation mixte constituée des membres de la Cour de Cassation, du Conseil d’Etat, de la Cour des Comptes et de la Cour Constitutionnelle
On peut donc plaider, avec des raisons solides à l’appui, que cette réélection poursuit le processus de modernisation du Barreau du Gabon entamé en 2018.
On peut néanmoins déplorer que le Barreau du Gabon soit “officieusement” fermé aux Gabonais inscrits dans des barreaux étrangers alors qu’aucune disposition légale ne l’interdit, l’article 19 de la Loi n°013/2014 du 07 janvier 2015 fixant le cadre d’exercice de la profession d’avocat en République Gabonaise, étant d’une limpidité cristalline et n’exigeant au postulant de n’avoir qu’une bonne moralité.
Comme on peut également regretter que cet article soit venu conditionnée l’inscription des Gabonais dans des barreaux étrangers, à leur inscription préalable au Barreau du Gabon.
Dans tous les cas, cette loi fait l’objet d’interprétations diverses selon les Barreaux, notamment français, alors qu’antérieurement à son entrée en vigueur, le citoyen gabonais détenait un droit à l’inscription aux barreaux français dès lors qu’il était titulaire du CAPA.
Sous l’empire de cette loi, il faut qu’il soit d’abord inscrit au Barreau du Gabon (c’est par exemple l’interprétation du Barreau de COUTANCES-AVRANCHES en Normandie).
Le Bâtonnier réélu est certainement l’Avocat de victoires successives.
Son second mandat devra sans doute être consacré pour partie à lever ce galimatias inexplicable : que les Gabonais de l’étranger puissent s’inscrire Barreau du Gabon sans autres conditions que celles légalement prévues, et que leur inscription aux barreaux étrangers ne soit plus conditionnée à leur inscription préalable au Barreau du Gabon.
L’on est en droit de s’attendre à un réel changement sur ce point.